mardi 16 octobre 2012

Claude Leroy: «Une finale pour la RDC à la CAN, ce serait la meilleure chose qui pourrait lui arriver»


Claude Le Roy, entraineur des Léopards de la RDC le 9/09/2012 au stade de martyrs à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John BompengoClaude Le Roy, entraineur des Léopards de la RDC
Les Léopards de la République démocratique du Congo(RDC) sont qualifiés pour la 29e édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) dont la phase finale se déroulera du 19 janvier au 10 février 2013 en Afrique du Sud. L’entraineur principal de la sélection nationale congolaise, Claude Leroy, a indiqué que son équipe prendrait chaque match au sérieux.Dans une interview accordée lundi 15 octobre à Radio Okapi, Claude Leroy aborde divers sujets concernant notamment le tirage au sort, la préparation des Léopards et les ambitions des Léopards pour la CAN proprement dite. « Quant à la finale avec la RDC, je n’ose même pas en  rêver. Rien que d’y penser, il y a beaucoup d’émotions qui me gagnent. Pour ce pays, ça serait la meilleure chose qui pourrait lui arriver », dit-il. Radio Okapi: Vous avez réussi votre premier objectif, la qualification malgré la défaite 2-1 lors du dernier match des éliminatoires. Quelles sont vos impressions ?
Claude Leroy : Je suis content. Notre grand objectif était de ramener de nouveau la RDC dans une coupe d’Afrique des nations. C’est fait. On a fait une très mauvaise [prestation pendant les] vingt premières minutes. C’est toujours difficile pour les joueurs-quand on sait qu’on a gagné un match aller par 4-0-de toujours rester concentrés parce qu’on pense que le plus dur a été fait. Or, ce n’est pas le cas.
Restons sur ce match contre la Guinée. La RDC a été menée par 2-0 après 35 minutes de jeu. Avez-vous eu peur d’une élimination ?
Non, je n’avais pas peur, car je devais faire des changements. C’est ce qui a été fait. J’ai sorti Joël Kimwaki, qui passait complètement à côté de son match, pour faire entrer Chancel Mbemba. Si j’avais eu peur, j’allais prendre la sécurité d’un joueur vraiment expérimenté. Je n’étais pas inquiet.
J’étais préoccupé à ce qui se passait. Mais, je disais aux joueurs au bord de la touche [du terrain] : de ne pas perdre les pédales et qu’ils devaient marquer le but du chaos. Car on ne sait jamais, ce qui peut se passer dans un déroulement d’un match. Si elle [la guinée Equatoriale] avait marqué un troisième but, donc à 3-0 là, la peur allait nous gagner. C’est pourquoi, je répétais toujours: «Il faut faire attention à cette équipe».
Sur quels points les équato-guinéens ont-ils progressé par rapport au match gagné par la RDC à Kinshasa 4-0 ?
Ils ont progressé sur le recrutement. Elle [la Guinée Equatoriale] s’est amenée avec dix nouveaux joueurs par rapport au match aller (à Kinshasa, le 9 septembre). Ils avaient tous des passeports établis le 10 octobre, soit quatre jours avant ce match. Ils sont arrivés du Brésil, de la Colombie, d’un peu partout.
Ils avaient quelques bons joueurs notamment leur gardien de but. C’est quand même étrange que la Caf permette des situations pareilles. La Guinée Equatoriale est devenue les nations unies du football. Et pour le football africain, je ne pense pas que ça soit une bonne chose de donner des naturalisations comme ça à tous vents.
Et puis…en Afrique, ce n’est jamais facile. Les matchs à l’extérieur sont toujours compliqués.
La Caf vous a placé dans le quatrième chapeau pour le tirage au sort du 24 octobre prochain, en fonction des résultats de précédents tournois, avec le Togo, le Cap- vert et l’Ethiopie. Qu’est-ce que vous en pensez ?
C’est logique. Puisque les résultats sont pris sur base des dernières éditions. Puisqu’il y avait aucune participation de la RDC aux CAN 2008, 2010 et 2012.
Bien avant le match, je savais qu’en cas de qualification, nous serions dans le quatrième chapeau. On va là-bas après autant d’années d’absences pour retrouver le goût de la compétition, de réapprendre sans objectif majeur. On va pour réapprendre, sans donner des leçons à qui que ce soit, mais de montrer la qualité et poser des problèmes à tous nos futurs adversaires.
De toutes les équipes qualifiées, laquelle peut vous causer du tord ?
A ce niveau de la compétition, il faut prendre toutes les équipes au sérieux et n’avoir peur de personne. Il faut se méfier de toutes les équipes. Quand vous voyez le résultat qu’a produit le Cap-Vert en éliminant le Cameroun, contrairement à la Guinée Equatoriale qui a été aux quarts de finale en 2012. Au niveau international, toutes les équipes sont à prendre en considération. Souvenez-vous des medias français qui parlait avec mépris du Japon [ Le Japon a battu la France par un but à zéro en amical, le 12 octobre à Paris). C’est une bonne leçon de manque d’humilité pour la France.
Quel est votre objectif lors de cette Can en Afrique du Sud ?
Je crois que là, nous sommes repartis très loin que quand je suis arrivé en 2004, où il y avait beaucoup des joueurs qui évoluaient dans de grandes équipes professionnelles. Mais, ce n’est plus le cas.
Donc, l’ambition c’est de pratiquer un football de qualité et puis on va y travailler match après match tranquillement, sans se mettre de pressions inutiles. Il faut qu’on se qualifie pour les quarts de finale, mais, on sait notre grand objectif était d’être en Afrique du sud. On sait que l’appétit vient en mangeant. Si on a la chance de faire un bon match pour le premier qui est souvent déterminant, bien évidemment nos ambitions se développeront petit à petit, mais surtout je ne veux pas faire moindre déclaration.
Attendons le tirage au sort. En 2006, certes, nous étions tombés dans un groupe avec deux mondialistes (Angola et Togo) qui étaient plein boom. Ils venaient de se qualifier pour le mondial Allemagne 2006 et le Cameroun qui était à cette époque là l’éternelle grande équipe de football africain. Personne ne nous croyait sortir de ce groupe. Mais, nous y étions n’eut été le quart de final avec l’Egypte, pays organisateur. Donc, on va y aller profil bas, tranquille, humble et on verra la suite.
Comment comptez-vous préparer cette Can 2013 ?
On va commencer le 3 janvier. Nous allons chercher un endroit où il fait bon, pas très chaud. Au bord de la mer où l’on fera un travail de renforcement musculaire. Le tout sur des plages avec un bon terrain d’entrainement de football, dans des conditions très calmes, de retraite où l’on ne pensera qu’à bosser. On verra peut-être dans le golfe où j’avais préparé une CAN avec le Ghana [en 2008] dans des conditions formidables. C’était entre Abou Dhabi et Doubaï loin de tout. Car c’est là qu’il y a des conditions idéales pour pouvoir bien préparer cette CAN qui sera en pleine été australe où il faudra arriver avec beaucoup de réserves énergétiques.
Mais, avant ca, le 14 novembre, nous aurons un match amical avec une équipe à déterminer. La préparation proprement dite débutera le 3 janvier, car en décembre, il y a des championnats européens qui seront en compétition, tout comme le championnat national. Donc, il faut faire attention de ne pas multiplier trop de matches pour les joueurs qui doivent être en forme au moment de la CAN
Allez-vous toujours être à la conquête des joueurs congolais de l’étranger ?
Oui, ma quête de voir certains joueurs nous rejoindre ne s’arrête pas. Je veux continuer de le convaincre. Et surtout comme on est qualifié. Ils ont d’échos favorables provenant de leurs copains qui nous ont rejoints. L’équipe a maintenant un ostéopathe. A tout le niveau, on essaye de devenir le plus professionnel possible. Donc ca donne envie à ceux qui avaient décidé de ne plus venir en équipe nationale de revenir [cas de Youssouf Mulumbu]. Jires Kembo est l’une de mes priorités, mais il n’y a en a d’autres tels qu’Assani Mulongoti, Terence Makengo, Eliaquim Mwangala [capitaine de FC Porto et joueur des U23 français]. Ce serait une bonne chose s’ils changeaient de direction. Puisque ça n’a jamais empêché Didier Drogba, Samuel Eto’o ou Georges Weah de faire de carrière du plus haut mondial en faisant le choix de leur équipe nationale d’origine. Ce sont des exemples qui parlent pour essayer de convaincre tous ces joueurs.
On ne va pas prendre 50 professionnels, mais quatre ou cinq pour renforcer le groupe, tout en gardant une dynamique avec les joueurs locaux. Car c’est ça l’équilibre idéal.
Yves Diba Ilunga n’est plus rappelé en sélection. Qu’en est-il exactement?
C’est un bon joueur, mais il est en pleine concurrence avec d’autres joueurs qui ont montré un petit plus par rapport à lui dans ces derniers mois. Donc, il y a certains joueurs assez âgé, j’en veux pas trop comme remplaçant. Dans le remplacement, il faut toujours un noyau des joueurs très jeunes pour d’échéances futures. C’est comme ça que j’ai sélectionné lors de ce dernier match contre la Guinée Equatoriale quelques Léopards juniors.
Un mot à tous les Congolais ?
Je remercie tout le peuple congolais qui m’a aidé à qualifier cette équipe et aussi à battre le record des entraineurs participant en phase finale de la CAN. Ce sera pour moi, la septième. Et aussi, j’ai déjà dirigé vingt-huit matchs de phase finale. Je sais que ce n’est pas encore fini. Quant à la finale avec la RDC, je n’ose même pas en  rêver. Rien que d’y penser, il y a beaucoup d’émotions qui me gagnent. Pour ce pays, ça serait la meilleure chose qui pourrait lui arriver, mais moi je n’en suis pas là pour le moment. Je suis là pour comment gérer les trois premiers matchs.

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